Commentaire de l'article 312 du code pénal
Comme dirait l’union syndicale des magistrats, à l’époque de l’ancien Président de la République, depuis plus de dix-huit mois, nous avons vécu une période d’inflation législative sans précédent, notamment en matière pénale. Etait-il nécessaire que les ministres de l’intérieur et de la justice lancent chacun deux de nouvelles grandes réformes pénales?
Surtout que ce qui frappe, c’est l’accumulation et l’absence totale de cohérence entre les nouveaux textes. Telle est la problématique engendrée avec l’article 312-12-1 du code pénal mis en place par la loi dite de « sécurité intérieure ».
L’infraction se trouve dans l’article 65 de la loi du 18 mars 2003 qui a ajouté une section 2 bis « De la demande de fonds sous contrainte » dans le livre troisième « des crimes et des délits contre les biens », au sein du chapitre 2 relatif à l'extorsion afin de réagir à différentes formes de mendicités dites agressives.
Ainsi, aux termes de l'article 312-12-1, est réprimé « le fait, en réunion et de manière agressive, ou sous la menace d'un animal dangereux, de solliciter, sur la voie publique, la remise de fonds, de valeurs ou d'un bien ». La demande de fonds sous contrainte est un délit puni de six mois d’emprisonnement et 3750 euros d’amende.
Puisqu’il s'agit ici de réagir à des formes actuelles de mendicité : on a parlé de « délit de mendicité agressive ». D’ailleurs, dès l’année 2002, ce projet d’incriminer la mendicité avait été ainsi annoncé. On a voulu répondre à de nouvelles craintes sociétales.
Mais eu égard aux exigences de légalité criminelle, ce texte laisse perplexe sur son efficacité et sa nécessité ; laissant penser à une infraction redondante avec d’autres infractions du code pénal. D’ailleurs, de nombreuses critiques ont déjà été émises à ce sujet.
A la lecture de cet article, la question peut se poser de savoir en quoi le maintien de cette infraction dans le code pénal a posé et pose problème