Commentaire du décret de gratien
Modestin, jurisconsulte romain du IIIème siècle après J.C. a défini le mariage comme “une société de toute la vie, une communauté de droit divin et humain”. Beaucoup voyaient dans cette définition l’interpolation d’une idée chrétienne.
L’empreinte chrétienne du mariage se retrouve dans cet extrait d’un abrégé du décret de Gratien, texte de nature religieuse. Gratien, moine camaldule, est un canoniste. Il compose son décret entre 1140 et 1150, et tente d’y réaliser la concorde des canons discordants par la méthode scolastique. Le travail était considérable. Il fallait d’abord réunir les textes extraits de l’Ecriture et des Pères de l’Eglise, canons conciliaires, décrétales des papes, vaste collecte pour laquelle Gratien bénéficiait d’un certain nombre de travaux antérieurs, en particulier ceux d’Yves de Chartres mort en 1115 ; ensuite il fallait les classer, les regrouper, les comparer. Il fallait surtout, en cas de discordance, s’efforcer de la résoudre. Travail énorme, le Décret de Gratien a rencontré un succès très rapide. Bien qu’il fut au départ une oeuvre privée, il a vite acquis un caractère officiel. Mais surtout, il devient un objet d’études et de commentaires, en un mot de doctrine.
Le décret de Gratien est écrit au XIIème siècle, siècle au cours duquel l’Eglise impose sa compétence juridictionnelle et législative exclusive en matière de mariage. L’Eglise jusque là n’exerçait qu’une influence sur le mariage en s’efforçant de le moraliser, en luttant contre les pratiques barbares fort répandues y compris dans la familles royale et fort éloignées de l’idéal chrétien comme la polygamie, l’inceste, le divorce ou la répudiation. Au XIIème siècle, le droit canonique élabore la théorie du mariage-sacrement indissoluble de sorte que la juridiction ecclésiastique est seule compétente.
Cet extrait d’un abrégé du décret du Gratien traite de la définition et des