L'Etranger, dont nous allons étudier un passage, fut publié en 1942 par Albert Camus ; écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe français né à Mondovi en Algérie le 7 novembre 1913 et décédé le 4 janvier 1960 à Villeblevin, lauréat du prix nobel de littérature en 1957. L'œuvre de Camus se caractérise par deux thèmes principaux : celui de l'absurde qui naît du décalage entre un besoin d'idéal et le monde réel (Le Mythe de Sisyphe, 1951 ou encore La Peste dans lequel l'auteur dépasse cet absurde en proposant un nouvel humanisme : celui de l'entraide) et celui de la révolte crée par le spectacle des crimes engendrés par l'humanité. Dans L'Etranger, Camus présente un homme que des circonstances extérieures vont amener à commettre un crime et qui assiste à son procès et à sa condamnation à mort. L'extrait étudié ici est l'incipit de ce roman, à savoir son début, dans lequel le personnage nous narre la nouvelle du décès de sa mère parvenue grâce à un télégramme, et les préparatifs qui s'ensuivent. Ce texte surprend, de par la froideur du personnage d’un côté mais également par son manque d’expression de sentiments, ce qui amène le lecteur à se demander : en quoi le personnage paraît-il dénué de sentiments ? L’argumentation sera construite en deux temps : d’abord, une étude du portrait de l’«homme moyen» que représente le personnage, puis l’étude de son côté sentimental et l’expression de ses émotions.

Tout d’abord, nous allons voir que Camus dresse un portrait-type de l’homme moyen, pris dans sa routine quotidienne. En effet, le personnage principal appartient à une classe plutôt moyenne de la société, du fait qu’il ait un « patron » l.5 auprès duquel il demande « deux jours de congé » l.5, ce qui montre sa soumission et place au sein de la hiérarchie sociale. Il suit également une routine quotidienne répétitive : on le voit grâce au complément circonstanciel de manière « comme d’habitude » l.11-12. De plus, on constate que sa vie est organisée, prévue et