Commentaire "juste la fin du monde"
20h30. Depuis la scène, impassible , installée dans un fauteuil, une vieille femme toise le public de toute sa raideur bourgeoise. La mère de Louis. Le bruissement des voix s’amenuise dans l’attente d’une énigmatique apocalypse..L’histoire est simple : Louis revient dans sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine, dans ce qui semble être l’ultime tentative d’un homme éreinté par l’angoisse et la solitude de choisir son destin.. Mais rien ne sera dit. De vociférations en balbutiements, d’engueulades convulsives en réconciliations pudiques , la parole se cherche, se transmue sans cesse, trébuche. Dans cette pièce éminemment agonistique Jean Luc Lagarce évoque subtilement la difficulté de dire l’amour, le manque et met en scène des personnages complexes, en proie au doute, à l’angoisse, à la difficulté à être et à se faire comprendre. Le message de J-L Lagarce se trouve au-delà des mots qui ne sont qu’une feinte pour combler le silence, se donner l’illusion d’être encore en vie. Finalement , cette langue, profuse et heurtée, nous parle du silence et de la mort. Alors l’appareil scénique prend le relai et nous fait signe, par détour.. Les cartes postales étalées sur le devant de la scène, seul lien, dérisoire, avec le frère absent, nous rappellent sans cesse , comme un emblème, l’écart, l’absence et l’incommunicabilité qui sont le lot de chaque famille, de chaque individu .Michel Raskine met brillamment en scène la parole incantatoire et déroutante de Lagarce. : la scène s’avance dans le public, dévore l’espace comme pour signifier une identité entre les personnages et les spectateurs. Une autre fois, les yeux rivés sur