Commentaire littéraire : abbaye de thélème
I. LA LIBERTE A Le paradoxe d'une liberté totale érigée en règle. Règle d'une abbaye: texte, généralement institué par le Saint fondateur, qui fixe la spiritualité des moines et leur mode de vie. Règles souvent sévères et contraignantes. « Règles »: sens plus large de « préceptes ». La 1ère phrase instaure le paradoxe en opposant les noms « lois, statuts ou règles »précédés d'une négation aux noms « volonté » et « libre arbitre» : ceux-ci sont introduits par la conjonction « mais» à valeur d'opposition: l'antithèse met en valeur le paradoxe. La règle (1.8) écrite en italiques, est une reprise ironique de la devise de Saint Augustin : « Dilige, fac quod vis» Aime et fais ce que tu voudras. Nouveau paradoxe : l'opposition entre la valeur d'ordre de l'impératif et le sens de cet ordre: ne recevoir aucun ordre extérieur. B La liberté individuelle. Assimilée au «libre arbitre» (1.2), elle consiste à faire ce que, selon sa conscience, on juge bon et approprié, à un moment donné: propositions subordonnées CCT « « quand bon leur semblait» 1.3 et « quand le désir leur venait» 1.5. Les verbes d'actions librement choisies sont repris 1.5 et 6 sous forme négative (répétition du pronom indéfini «nul ») dès lors qu'ils expriment une obligation. Il y a donc ici une vision épicurienne qui incite à profiter des vertus du présent, des plaisirs simples de la vie en étant maître de sa propre existence. Mais l'éducation reçue en amont et l'hérédité de la noblesse font que leur liberté les mène à la vertu. Alliance de l'inné et de l'acquis: le bon naturel est entretenu et développé par l'éducation. Cela est mis en valeur par le rythme ternaire du groupe adjectival « libres, bien nés et bien