Commentaire littéraire "le crapaud" de corbiere
Peu gâté par la nature, laid, maigre et tuberculeux, le poète Tristan CORBIERE né en 1845 et mort en 1875, publie son recueil Les Amours jaunes en 1873 à compte d’auteur. Le titre est déjà très représentatif de l’œuvre unique de ce poète originaire de Morlaix : l’expression lyrique des sentiments annoncée par le terme « amour » sera constamment accompagné du rire, des sarcasmes, comme le connote l’adjectif « jaune ». En effet, dans ce recueil, CORBIERE convoque à la fois des images crues et des rythmes heurtés pour évoquer ses amours malheureuses. Reconnu et révélé par VERLAINE dans son recueil Les Poètes maudits, CORBIERE a emporté l’adhésion des symbolistes et plus tard des Surréalistes. « Le Crapaud », sonnet inversé, dans lequel CORBIERE par l’analogie avec le batracien transmet sa perception de la place du poète dans la société, le présentant comme incompris, rejeté, provoque chez le lecteur un sentiment d’angoisse. Dans un premier temps, nous verrons comment CORBIERE met en forme son poème de façon à introduire une moquerie à l’égard de sa propre création, puis nous nous demanderons en quoi le décor et l’atmosphère permettent d’instaurer une impression d’angoisse. EN fin, nous remarquerons qu’à travers l’analogie avec le crapaud, CORBIERE exprime un profond mal être intérieur.
Pour l’écriture de son sonnet, CORBIERE utilise une forme et syntaxe qui donnent à son texte uns esthétique tout à fait particulière. CORBIERE prend la décision de ne pas respecter la forme classique et rigide du sonnet. Il commence par deux tercets aux rimes suivies en « -er » avec les mots »air » (v.1) et « clair » (v.2), puis aux rimes embrassées en –ombre et en (if avec les termes « sombre » (v.3), « vif » (v.4), « massif » (v.5) et « ombre « (v. 6). Les deux tercets sont suivis de deux quatrains à quatre rimes au lieu des deux rimes habituelles, ces rimes en –eur, en –el et en –oi et –er sont embrassées.