COMMENTAIRE : MORT DE GAVROCHE
Les personnages du roman se retrouvent sur les barricades, lors d'une manifestation républicaine .
Gavroche est un jeune garçon qui essaie de récupérer sur les morts tombés entre les barricades des cartouches pour donner aux républicains . Il se fait tirer dessus par les gardes nationaux.
Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l'œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta : [...suit un couplet de chanson pour se moquer des gardes nationaux ]
Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne . Là, une quatrième balle le manqua encore . Gavroche chanta : [...suit un couplet de chanson pour se moquer des gardes nationaux ]
Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième couplet : [...suit un couplet de chanson pour se moquer des gardes nationaux ]
Cela continua ainsi quelque temps .
Le spectacle était épouvantable et charmant . Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade . Il avait l'air de s'amuser beaucoup . C'était le moineau becquetant les chasseurs . Il répondait à chaque décharge par un couplet . On le visait sans cesse, on le ratait toujours . Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant . Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier . Les insurgés, haletants d'anxiété, le suivaient des yeux . La barricade tremblait, lui, il chantait . Ce n'était pas un enfant, ce n'était pas un homme ; c'était un étrange gamin fée . On eût dit le nain invulnérable de la mêlée . Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles . Il jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ;