commentaire pantagruel
Rabelais et l’invention du roman humaniste : autour du Pantagruel
Grand créateur du roman humaniste, Rabelais écrit le Pantagruel en 1532. A travers de multiples tours et détours langagiers, il y conte les « horribles et espovantables faictz du tresrenomme Pantagruel, roy des Dipsodes, filz du grant geant Gargantua ». Jonglant entre les genres, Rabelais utilise son œuvre comme support ludique afin de véhiculer une autre lecture du monde ; il s’affaire à créer un espace-temps utopique, tourné vers un avenir éclairé où l’homme est libéré du carcan social. Il reprend ainsi certains personnages préexistants dans des écrits antérieurs, les arme d’humour, les réconcilie avec le corps et les plonge dans des aventures épiques. Le chapitre 26 du Pantagruel, intitulé Comment Pantagruel et ses compaignons estoient fachez de manger de la chair salée, et comme Carpalim alla chasser pour avoir de la venaison, prend naissance après la victoire de Pantagruel et de ses compagnons contre six cent soixante cavaliers. Ce chapitre s’inscrit dans un temps narratif en rupture avec l’agitation constante de l’œuvre. Il s’agit en effet ici d’un moment de banquet où, épuisés par le combat, les personnages célèbrent ici leur triomphe en se repaissant goulûment. Le chapitre est découpé en deux temps distincts : l’un, est le temps de la récompense du corps par la satisfaction des besoins corporels, tandis que l’autre est celui de réflexion, de la tactique. Le moment du banquet est ici associé à l’excès et à l’accumulation, qui constituent un trait rabelaisien essentiel, mais est également assimilée à une expérience de guerre. Ceci sera étudié dans une première partie. Le détournement des genres par l’humour et la parodie fera l’objet d’une seconde partie.
Le présent chapitre s’ouvre sur un banquet que partagent Pantagruel et ses compagnons. Le motif du banquet, très présent dans les écrits du Moyen-âge, est synonyme de réjouissances