commentaire sur les rayons et les ombres
‘’Les rayons et les ombres’’
(1840)
recueil de poèmes de Victor Hugo
pour lequel on trouve ici les analyses de
‘’Fonction du poète’’ (page 3)
‘’Tristesse d’Olympio’’ (page 9)
‘’Oceano nox’’ (page 13)
Bonne lecture !
“Fonction du poète”
Dieu le veut, dans les temps contraires, Chacun travaille et chacun sert Malheur à qui dit à ses frères Je retourne dans le désert ! Malheur à qui prend ses sandales Quand les haines et les scandales Tourmentent le peuple agité ! Honte au penseur qui se mutile Et s'en va, chanteur inutile,
10 Par la porte de la cité !
Le poète en des jours impies Vient préparer des jours meilleurs. Il est l'homme des utopies, Les pieds ici, les yeux ailleurs. C'est lui qui sur toutes les têtes, En tout temps, pareil aux prophètes, Dans sa main, où tout peut tenir, Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue, Comme une torche qu'il secoue,
20 Faire flamboyer l'avenir !
Il voit, quand les peuples végètent ! Ses rêves, toujours pleins d'amour, Sont faits des ombres que lui jettent Les choses qui seront un jour. On le raille. Qu'importe ! il pense. Plus d'une âme inscrit en silence Ce que la foule n'entend pas. Il plaint ses contempteurs frivoles Et maint faux sage à ses paroles
30 Rit tout haut et songe tout bas ! ...
Peuples ! écoutez le poète ! Écoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé. Des temps futurs perçant les ombres, Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n'est pas éclos. Homme, il est doux comme une femme. Dieu parle à voix basse à son âme
40 Comme aux forêts et comme aux flots.
C'est lui qui, malgré les épines, L'envie et la dérision, Marche, courbé dans vos ruines, Ramassant la tradition. De la tradition féconde Sort tout ce qui couvre le monde, Tout ce que le ciel peut bénir. Toute idée, humaine ou divine, Qui prend le