Commentaire d'un extrait du traté théologico-politique de spinoza
Texte :
"Ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un autre, que l'État est institué; au contraire, c'est pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. Non, je le répète, la fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté."
Dans ce texte, Spinoza défend essentiellement l’idée que la fonction de l’État, c’est à dire son utilité principale, est d’assurer la sécurité et surtout la liberté des citoyens. Cette liberté n’est possible que si l’État encourage le développement de la raison au détriment des passions de façon à ce que règne la concorde. C’est dire qu’un État qui repose tout entier sur la répression, qui terrorise les sujets en les maintenant dans l’esclavage, n’est plus, à strictement parler un État. Il ne remplit plus son rôle.
"Ce n’est pas pour tenir l’homme par la crainte ( ?) que l’État est institué" Tenir l’homme par la crainte c’est faire en sorte qu’il obéisse en le menaçant de sanctions s’il ne le fait pas. En somme c’est l’idée d’un État fondamentalement répressif. On peut penser à ce qu’on appelle "la peur du gendarme". Aux yeux de Spinoza, la crainte est une passion négative, ce qu’il appelle une passion triste. L’État ne saurait donc privilégier ce moyen pour établir son pouvoir. A ses yeux, ce n’est pas par la menace que l’État doit se faire obéir mais au contraire en montrant positivement quel intérêt