Composition français
Sujet : A propos du roman, le romancier Pascal Quignard s’exprime en ces termes : « Il est l’autre de tous les genres, l’autre de la définition. Par rapport aux genres et à ce qui généralise, il est qui dégénère, ce qui dégénéralise. Là où il y a un toujours, mettez un parfois, là où il y a un tous, mettez un quelques et vous commencez d’approcher du roman. » (Le Débat, n° 54, mars-avril 1989, p.77-78) Commentez et discutez cette réflexion.
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ANALYSE DU SUJET
Pascal Quignard est essayiste et romancier. Dans la citation proposée, relative au roman comme genre, il prend pour hypothèse la rupture, la solution de continuité existant entre le roman et les autres genres littéraires. Les deux premières phrases décrivent une identité négative : on peut dire ce que le roman n’est pas, mais non ce qu’il est. Selon Pascal Quignard, qui le pose dans son irréductible différence (« l’autre de la tous les genres »), le roman échappe à toute tentative de définition (« l’autre de la définition »). Sans contours précis, il se présente sous un jour toujours neuf, imprévu, irrégulier, singulier, qui lui permet de s’affranchir des codes, des règles qui président aux autres genres. En ce sens, « il est ce qui dégénère, ce qui dégénéralise », c’est-à-dire qu’il oppose sa singularité à la généralité présupposée par la notion de genre. La dernière phrase rompt avec cette approche négative, oblique, indirecte du roman, mais on notera la formulation extrêmement prudente de l’auteur (« vous commencez d’approcher du roman »), qui suggère l’impossibilité de parvenir à une définition assurée, pleinement satisfaisante du genre romanesque. On observera les antithèses opposant les adverbes temporels (« toujours » / « parfois ») et les adjectifs indéfinis (« tous » / « quelques »). A l’inverse des autres genres, qui visent l’un, l’absolu, l’universel, le roman est du côté du relatif, du divers, du multiple.
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La thèse