Compte rendu critique : Prendre femme dans les colonies
Christelle Taraud, docteure en histoire, est une enseignante à l’antenne parisienne de l’université Colombia et New York University. Cette historienne féministe se spécialise dans l’histoire contemporaine du Maghreb et dans la prostitution coloniale en Afrique du Nord. Elle est l’auteur de «La prostitution coloniale. Algérie, Tunisie, Marco, 1830-1962 ».
La thèse centrale de l’ouvrage de Christelle Taraud se résume autour de la politique qui fut élaborée par les européens pour incruster et contrôler la sexualité dans l’Algérie conquise. La problématique de l’auteur serait donc de se questionner sur cette politique : est-ce que cette politique, qui fut élaborée par la république coloniale fut une bonne chose? Il semblerait que Christelle Taraud soutienne qu’au final, la réglementation de la prostitution et toutes les autres mesures prises dans le cadre de cette politique pour encadrer la sexualité dans l’Algérie fut un échec total. À la fin du compte, ce phénomène amènera plus de méfaits que de bienfaits, telle une nouvelle barrière entre les races : « … l’administration coloniale impose désormais à tous (femmes et hommes compris) une exigence de respectabilité qui passe, y compris dans le domaine de la sexualité, par une moralisation et une racialisation de la société coloniale en construction.»1 L’œuvre repose sur trois grands sujets préoccupants : les mariages mixtes, le code de l’indigénat et le marché du sexe. Durant les années 1830-1860, le phénomène des mariages mixtes, qui poussait des hommes français à épouser des femmes de confession juive ou musulmane se fait de plus en plus sentir. Cette fusion des communautés fut un échec redoutable. Tout d’abord, cette méthode fut élaborer pour fusionner les communautés conquises pour: «permettre l’émergence d’un nouveau peuple et assurer ainsi la pérennité de la présence française outre-mer.»2 Mais très vite, cette