Concepts purs de l'entendement kant
La logique générale fait abstraction […] de tout contenu de la connaissance et attend que lui soient données d’ailleurs, d’où que ce soit, des représentations pour les transformer en concepts, ce qui s’opère analytiquement. En revanche, la logique transcendantale a devant elle un divers de la sensibilité a priori que l’esthétique transcendantale lui offre, pour donner une matière aux concepts purs de l’entendement, sans laquelle elle serait sans aucun contenu, donc complètement vide. Or, l’espace et le temps contiennent un divers de l’intuition pure a priori, mais appartiennent cependant aux conditions de la réceptivité de notre esprit, sous lesquelles seulement il peut recevoir des représentations d’objets, et doivent par conséquent aussi en affecter toujours le concept. Simplement la spontanéité de notre pensée exige-t-elle que ce divers soit d’abord d’une certaine manière repris, assimilé et lié pour en faire une connaissance. Cette action, je l’appelle synthèse. J’entends alors par synthèse, dans la signification la plus générale, l’action d’ajouter différentes représentations les unes aux autres et de rassembler leur diversité dans une connaissance. Une telle synthèse est pure quand le divers est donné, non pas empiriquement, mais a priori (comme celui qui est donné dans l’espace et dans le temps). Avant toute analyse de nos représentations, il faut que celles-ci soient d’abord données, et aucun concept ne peut naître analytiquement quant à son contenu. Assurément la synthèse d’un divers (qu’il soit donné empiriquement ou a priori) produit-elle d’abord une connaissance qui sans doute, initialement, peut être grossière ou confuse, et a donc besoin de l’analyse ; seule la synthèse est pourtant ce qui rassemble proprement les éléments en des connaissances et les unifie en constituant un certain contenu ; elle est donc le premier élément auquel nous avons à prêter attention, si nous voulons juger de la