Conclusion rédigée d’une dissertation des passions de l’âme de descartes, art 157-158
Ainsi la distinction cartésienne entre l’orgueil et la générosité, amenée par l’élément commun à ces deux notions, la bonne opinion que l’on a de soi, permet de comprendre que l’orgueil est à la fois une passion et un vice tandis que a générosité est à la fois une passion et une vertu. En effet, si une passion est une action du corps sur l’âme, alors l’estime de soi est bien une passion car c’est ce que sent l’âme. Mais cette estime de soi provient d’une cause méritée, qui ne dépend pas du sujet en tant qu’âme, dans le cas de l’orgueil, et fait cela de l’orgueil un vice ayant des effets nuisibles sur le sujet lui-même (son âme est troublée par toutes sortes d’agitations venant de désirs issus du corps, de ce qui ne dépend pas du sujet en tant qu’âme) et sur ceux qu’il côtoie (préférant abaisser les autres pour continuer de s’admirer lui-même). Dans le cas de la générosité, on assiste à la transformation de la passion (sentir la volonté d’user toujours bien de son libre arbitre) en vertu, qui est l’exercice même du bon usage du libre arbitre, éclairé par la raison. Autrement dit la cause juste pour laquelle on s’estime passe du statut de passion (action du corps sur l’âme) à celui de volonté (action de l’âme sur le corps) : on sent d’abord une ferme et constante volonté de bien user de son libre arbitre, telle est la passion de générosité ; on entreprend ensuite d’exercer avec fermeté et constance cette volonté, en l’habituant à la constance et à la fermeté, et telle est la vertu de générosité, dont les effets sont utiles, et à l’homme généreux qui goûte la satisfaction d’esprit qui suit de l’exercice même de la vertu, et aux autres, qu’il estime, pour la bonne volonté qu’il leur suppose