Confession d'un enfant du siècle - Alfred de Musset
Alfred de Musset, l' « enfant du Siècle » né en 1810, est de la génération de 1830, celle du Romantisme. Avec François-René de Chateaubriand, Victor Hugo, ou encore Gérard de Nerval, il est l'un des plus grands auteurs romantiques. Dans sa Confession d'un Enfant du Siècle, Musset dit ne pas entreprendre de raconter sa vie, puisque, n'ayant que 26 ans à sa publication, il ne l'a pas encore vécue. Cependant, on pourrait se demander si, justement, une des caractéristiques du Romantisme ne serait pas une incapacité, un refus de vivre. En quoi le texte, extrait du roman de Musset, est-il romantique ? Nous verrons que Musset s'y pose en porte-parole de sa génération, une génération sacrifiée par l'Histoire, rongée et sabordée par le Mal du Siècle.
Musset, comme tout auteur, et a fortiori, en tant que romantique, est profondément marqué par son époque. Ainsi, il se pose dans sa Confession d'un Enfant du Siècle en tant que porte-parole de la génération de 1830. Il dresse le portrait de « jeunes gens » ardents, « enfants pleins de force et d'audace », conçus pendant les guerres napoléoniennes et avides de gloire. Une jeunesse cependant sacrifiée par l'Histoire, qui a voulu la chute de l'empereur : « condamnés au repos par les souverains, livrés aux cuistres de toute espèce ». Musset crée un fort contraste entre le passé personnifié, qui « s'agit[e] encore sur ses ruines », que l'on se figure effroyable, paré des « fossiles de l'absolutisme », et l'avenir hypothétique, « l'aurore d'un immense horizon », qui n'est décrit qu'avec des sons amples et revigorants. Mais l'époque que doit vivre la génération de 1830, dans tout cela, paraît bien petite. De plus, elle est immédiatement précédée de grandeur, ses semblables étant « fils de l'Empire et petits-fils de la Révolution ». On sent dans le paragraphe de trois lignes consacré à cette idée toute l'aigreur de Musset, qui est celui des jeunes gens de son âge : « Voilà dans quel chaos […] voilà ce