Conférence histoire
Histoire et anthropologie du droit musulman
Au cours de cette année, nous avons repris l’examen d’une question que nous avions abordée une première fois au cours de l’année 2005-2006 : le célibat et la continence sexuelle. Cette année nous nous sommes principalement penché sur le dépouillement de la littérature de hadith, la prosopographie et partiellement l’exégèse coranique. Comme cette recherche doit faire l’objet d’une publication, nous n’en donnerons qu’un résumé succint en insistant sur les principaux résultats auxquels nous pensons être parvenus. Le premier résultat est que les sources littéraires permettent d’établir que c’est vraisemblablement vers la fin du iie/viiie siècle que pour la première fois la discussion au sujet du célibat a lieu parmi les juristes comme en témoigne la somme juridique de Šāfiʿī (m. 204/820) : le Kitāb al-umm. Dans cette immense compilation de son enseignement oral établie par ses élèves, il formule la question suivante en tête de la section consacrée au mariage : le mariage est-il une obligation qui s’impose à tout un chacun ? Comme si la doctrine qui prévalait à son époque était que tous les fidèles devaient être mariés. Quant à lui, se servant de divers arguments, il introduit une nuance de taille : si certains hommes sont très certainement dotés d’une libido qui les rend incapables de s’abstenir de relations sexuelles, d’autres, sans doute une minorité dans son esprit, sont dépourvus de toute libido, soit à la naissance, soit pour un motif quelconque (vieillesse, maladie, etc.). Si donc le mariage s’impose aux premiers, on ne peut et on ne doit pas y contraindre les seconds car si, étant incapables d’avoir des rapports charnels, ils se marient tout de même, ils ne pourraient remplir leur devoir conjugal et porteraient préjudice à leurs épouses. Donc Šāfiʿī plaide pour qu’une catégorie de fidèles demeurent célibataires dans l’intérêt de la collectivité. Il