Conseil d’etat, 5 décembre 2007, ranjit
Concernant la prohibition du voile intégral en France, le Premier ministre François Fillon a appelé à une loi qui aille « le plus loin possible dans la voie de l’interdiction générale ». Jean Leonetti y a d’ailleurs vu « un message qui consiste à dire : je m’affranchis éventuellement de la restriction que pourrait donner le CE et qui rendrait l’opération législative que nous menons complètement discréditée ». Jean François Copé a exactement rappelé qu’en 1989, le Conseil d’Etat s’était montré « plutôt en défaveur » d’une loi contre les signes religieux ostentatoires à l’école, pourtant « les responsables politiques étaient passés outre et l’Histoire montre qu’ils ont bien fait ». De cet affranchissement avait ainsi découlé la loi du 15 mars 2004 qui avait conduit à insérer l’article L.141-5-1 dans le Code de l’éducation. Ce dernier prohibe le port de signes ou tenus par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. C’est sur cet article et notamment son adéquation avec le principe de laïcité et de neutralité du service public que le Conseil d’Etat s’est prononcé, le 5 décembre 2007 dans l’arrêt Ranjit.
En l’espèce, un élève d’un lycée public était venu en cours en portant un sous-turban (le keshi sikh de taille moindre que le turban sikh), signe de son appartenance à la religion sikhe. Le conseil de discipline du lycée avait décidé de l’exclure considérant le port de ce sous-turban comme une infraction à la loi votée le 15 mars 2004, appliquant le principe de laïcité. Par suite, le recteur de l’académie avait confirmé cette sanction dans une décision du 10 décembre 2004.
En conséquence, le père de l’élève, en tant que représentant légal, avait saisit un tribunal administratif, mais sa requête fut rejetée par un jugement du 19 avril 2005. Il a donc interjeté appel, néanmoins, la Cour administrative d’appel de Paris l’a, par un arrêt confirmatif du