contes de perrault
Dans le conte traditionnel, aucun jugement n’est porté sur l’acte d’abandon des enfants, ce qui n’est pas le cas de la consommation de chair humaine, qui, attribuée au diable en personne, s’en trouve clairement condamnée. En dépit de cela, il demeure, dans le comportement des autres personnages, une certaine ambiguïté: la femme du diable par exemple, bien qu’elle ait pitié des enfants, ne les prévient pas du danger qui les guette.
Nous retrouvons, dans une certaine mesure, cette ambiguïté dans le conte de Perrault, mais à la concision du conte traditionnel se substitue une fresque chatoyante, où les caractères des uns et des autres sont soigneusement brossés, et où leurs comportements sont sans cesse confrontés aux principes moraux de l’auteur.
Le thème de l’abandon, à peine esquissé dans le conte oral, occupe chez Perrault près de la moitié du récit. L’ajout de l’épisode des petits cailloux blancs, qui permettent aux enfants de regagner leur foyer et celui du second abandon, fait de cette problématique un élément central du récit et fournit à l’auteur une occasion de se positionner sur la valeur morale de cet acte, qu’il condamne d’une part tout en l’excusant de l’autre, comme en témoignent ses tentatives de diminuer la responsabilité des parents et de dédramatiser leur geste.
Vivant en effet dans la pauvreté depuis longtemps, avec leurs 7 enfants (l’augmentation intentionnelle du nombre d’enfants alourdit la charge des parents), ce n’est que lorsque survient une famine qu’ils décident de se défaire d’eux. «Le cœur serré de douleur», les époux se consultent et en définitive, c’est l’idée intolérable de les voir mourir de faim sous leurs yeux qui les décident à passer à l’acte.
Perrault abandonne également, dans le but d’atténuer la noirceur de leurs desseins, la mention du sabot suspendu dans le but de mieux tromper les enfants, et fait simplement s’esquiver les parents, par un