Corpus de textes utopie, Fenelon, Montesquieu, Voltaire.
A la fin du XVII ème siècle, Fénélon avec les Aventures de Télémaque reprend à son compte l’évocation d’un monde idéal, d’une utopie qu’il situe dans le passé en la rattachant à l’histoire d’Ulysse. Au XVIII, ce thème utopique se développe plus largement, on le voit ici avec l’un des chapitres que Montesquieu consacre aux troglodytes dans les Lettres persanes, texte paru en 1721, ou avec le chapitre XVIII de Candide publié par Voltaire à quelques années d’intervalle en 1759.
Si ces textes ne reculent pas devant la peinture d’un monde merveilleux, qui hésite entre mode champêtre ou mode exotique, il n’en reste pas moins qu’ils dénoncent certains travers des sociétés contemporaines, en proposant un nouvel idéal de vie.Les mondes décrits par les trois auteurs veulent séduire les lecteurs. C’est l’exotisme qui est mis souvent en valeur: ainsi Fénélon détaille une flore et un climat méditerranéen: ”hivers tièdes”, zéphirs rafraîchissants”, “lauriers, grenadiers et jasmins”, autant d’éléments qui transportent les lecteurs vers un ailleurs dépaysant. Voltaire va dans le même sens, mais situe l’El Dorado dans des contrées plus lointaines encore: “duvet de colibri”, “liqueurs de canne à sucre”, “girofle et cannelle” évoquent les îles lointaines. Montesquieu, quant à lui, ne décrit pas un monde lointain, mais privilégie un univers champêtre: “prairies”, “troupeaux”, “assemblées villageoises, danses et choeurs de jeunes gens et de “jeunes filles ornées de fleurs”, tout décrit une campagne idéalisée.
Mais dépayser le lecteur n’est pas le seul but visé par ces textes: les trois auteurs dénoncent en négatif les défauts du monde dans lequel ils vivent. Ainsi Montesquieu critique la cupidité et l’avarice des premiers Troglodytes. L’insistance sur les troupeaux “confondus”, sur la communauté assimilée à une “seule famille” dénonce l’individualisme et l’égoïsme, qui ne peut conduire qu’au malheur. De son côté, Fénélon refuse le luxe et le