Corpus Les fleurs du Mal
Montrez que Baudelaire donne à ce voyage apparemment réel une portée symbolique et en fait une sorte de métaphore de la condition humaine, prise entre idéal et spleen.
Introduction
[Amorce] Les voyages vers des paradis exotiques constituent le thème de nombreux poèmes des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, tels « L’Invitation au voyage » ou « Parfum exotique ». Dans « Élévation », le désir d’ailleurs se sublime dans l’évocation d’un envol de l’esprit du poète dans l’espace infini et idéal du ciel pour échapper à la médiocrité de la réalité quotidienne. Le récit de cette tentative d’élévation repose sur des sensations, des notations concrètes, comme s’il s’agissait d’un voyage bien réel [I] alors qu’il s’agit en fait d’une expérience mystique qui s’inscrit dans la quête de l’idéal du poète voulant s’affranchir du spleen.
I. Une invitation à un voyage réel et imaginaire
1. Un voyage concret…
La première strophe énumère des lieux multiples, aperçus dans une contre-plongée vertigineuse. C’est la Terre vue d’en haut, avec ses « étangs », « vallées », « montagnes », « bois » et « mers », vue rêvée et désirée par l’homme de toute éternité. L’utilisation du pluriel et des articles définis amplifie ce spectacle et le détache d’un contexte géographique particulier.
L’élan de cet essor est rendu, dans la première strophe, par les anaphores, « au-dessus » et « par delà » qui sont comme autant de coups d’aile qui portent plus haut et avec de plus en plus d’aisance l’esprit du poète. Ce n’est qu’à la deuxième strophe qu’apparaissent les verbes de mouvement (« tu te meus », « tu sillonnes »). Le rythme des vers précédents peignait déjà cet envol, rythme tantôt équilibré (le vers 1 se compose de deux hémistiches égaux de six syllabes), tantôt plus agité (vers 2 : 4/2-4/2), de nouveau régulier (vers 3 : 6/6) puis s’amplifiant avec une belle fluidité (le vers 4 ne comporte aucune coupe).
Le poème imite ainsi les différentes phases d’un vol d’oiseau, avec ses