corpus
Le sentiment de diversité est d’abord lié à l’amplitude chronologique du corpus, qui s’étend du XVIe à la fin du XXe siècle, avec deux poèmes du milieu du XIXe siècle. Cet éloignement dans le temps explique la variété des formes : sonnet de décasyllabes chez Louise Labé ; court poème – sans découpage strophique net – où se combinent alexandrins et octosyllabe chez Alfred de Musset ; long poème de douze quatrains où alternent régulièrement alexandrins et octosyllabes chez Charles Baudelaire ; bref poème en prose chez Yves Bonnefoy. De plus, les textes du corpus diffèrent également par les sujets et les registres. Deux poèmes associent les thèmes de l’amour, de la mort et de la poésie : celui de Labé et celui de Baudelaire. Le premier, où la plainte de l’amoureuse qui souffre et l’évocation de la création musi¬cale poétique sont étroitement mêlées, est un parfait exemple de lyrisme, assombri par l’association à ces deux thèmes de celui de la mort : « Je ne souhaite encore point mourir. / Mais, quand mes yeux je sentirai tarir, / Ma voix cassée, et ma main impuissante ». Dans le poème de Baudelaire, l’amour, la mort et le chant du poète sont également évoqués, mais dans un registre très différent. Le poète évoque le corps de l’être aimé dans sa forme future de cadavre, alors que seule la poésie aura le pouvoir de lui resti¬tuer une beauté intemporelle : « Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine / Qui vous mangera de baisers / Que j’ai gardé la forme et l’essence divine ». La description détail¬lée de la charogne et le choix de cet « objet » pour exprimer l’hommage amoureux consti¬tuent des reprises