Manon Lescaut

La mort des héroïnes est un topos romanesque souvent utilisé par les écrivains pour clore leur récit. L’Abbé Prevost , Chateaubriand et Flaubert mettent en scène dans ces extrait la mort de leurs héroïnes : Manon Lescaut, Madame Bovary et Atala. On se demandera par quels procédés la mort de ces personnages éponymes est-elle rendue pathétique.
Tout d’abord, le dispositif narratif adopté par l’Abbé Prevost et Chateaubriand favorise le pathétique. En effet le récit de l’agonie des héroïnes est pris en charge par leur amant qui évoque de façon rétrospective ce douloureux événement. Le point de vue est interne ; « pardonnez si j’achève » (l.1 texte 1), « elle me pria de le dénouer moi-même » (l.4 texte 2) ; le récit est conduit à la 1ère personne du singulier et il permet au lecteur de partager la douleur des jeunes amants. Au contraire, dans le texte de Flaubert, le point de vue est omniscient : le narrateur évoque tantôt les souffrances de l’héroïne qui vient de s’empoisonner, tantôt l’angoisse et l’incompréhension de son mari. La compassion du lecteur est sollicitée mais pas de la même façon.
La description de l’agonie et de la mort suscite également l’horreur et la pitié du lecteur. L’Abbé Prevost ne s’attarde pas sur la mort de Manon qui est suggérée par des euphémismes tels que « elle se croyait à sa dernière heure » (l.8) ou « je la perdis » (l.12). Dans le texte de Chateaubriand, la mort d’Atala prend une dimension poétique et mystique : elle est comparée à une « sainte » avec « les yeux levés au ciel » (l.26-27). A l’inverse, la description de la lente agonie de Madame Bovary est détaillée et suscite un sentiment d’horreur et de compassion ; « figure bleuâtre » (l.35), « gémissements », « hurlement sourd » (l.38), « convulsions » (l.39).
Toutefois, c’est surtout l’expression de la douleur des héroines et de leur amant qui accentuent la dimension pathétique des scènes. Les textes, Manon Lescaut et Atala, insistent sur la souffrance