Coupe Mortelle, Cassandra Clare
Descente Dans Les Ténèbres
1
Charivari
— Tu plaisantes ! dit le videur en croisant les bras sur son torse massif.
Il baissa les yeux vers le garçon au sweat-shirt rouge et secoua sa tête rasée :
— Tu ne vas pas entrer avec ce machin.
La cinquantaine d’adolescents qui patientaient en file indienne devant le Charivari tendirent l’oreille. L’attente était longue avant d’entrer dans le club, surtout le dimanche, et, en général, il ne se passait pas grand-chose dans la file. Les videurs étaient du genre coriace et ne rataient pas ceux qui avaient l’air de chercher la bagarre. Comme tous les autres, Clary Fray, quinze ans, qui était venue avec son meilleur ami, Simon, se pencha pour mieux entendre dans l’espoir qu’un peu d’action surviendrait.
Le gamin brandit l’objet en question au-dessus de sa tête. On aurait dit un pieu en bois, très pointu :
— Allez ! Ça fait partie du costume.
Le videur leva un sourcil :
— Ah bon ? Et tu es déguisé en quoi ?
Le gamin sourit.
« Il est plutôt banal, pour le Charivari », songea Clary. Ses cheveux teints en bleu électrique se dressaient sur sa tête comme les tentacules d’un poulpe effarouché, mais son visage n’arborait aucun tatouage ni piercing sophistiqué.
— En chasseur de vampires. Il tordit le pieu comme un brin d’herbe dans sa main :
— C’est du caoutchouc. Vous voyez ?
Il avait de grands yeux d’un vert trop limpide : ils étaient de la couleur de l’antigel et de l’herbe au printemps. « Des verres de contact, probablement », pensa Clary. Le videur haussa les épaules :
— C’est bon, passe.
Le gamin se faufila comme une anguille à l’intérieur. Clary admira le mouvement de ses épaules et sa façon de rejeter ses cheveux en arrière. Nonchalant, voilà l’adjectif que sa mère aurait employé pour le décrire.
— Il t’a tapé dans l’œil, pas vrai ? demanda Simon d’un ton résigné.
Clary le gratifia d’un coup de coude dans les côtes, mais ne répondit pas.
Le club était noyé sous des panaches de fumée