Cours psychologie
Aspects cliniques et psychopathologiques ou les limites dans tous leurs états
Dinard : le 19 Octobre 2002
K.Rannou-Dubas, B.Gohier
1)-Introduction :
Les états limites, émergence historique d’un concept, repérable comme limite à la nosologie psychiatrique d’une part, et comme limite au fonctionnement analytique d’autre part.
1-1)-Perspectives psychiatriques
La psychiatrie européenne, essentiellement franco-germanique sous l’influence de Magnan (1835-1916) en France et de Kraepelin (1856-1926) en Allemagne, s’est attachée à construire une nosographie des maladies mentales, sur la délimitation de grandes entités théoriques. La psychiatrie anglo-saxonne s’est distinguée de ce mouvement en proposant à la même époque une sémiologie descriptive issue de l’observation directe des patients.
Le terme borderline est apparu pour la première fois dans la littérature médicale en 1884 avec Hugues aux Etats-Unis pour désigner des cas de symptômes physiques survenant au cours d’affections psychiatriques, et n’a plus été employé jusqu’aux années 1940.
De leur côté, les psychiatres franco-germaniques, confrontés à l’éclosion de la schizophrénie, ont effectué des recherches sur le passé des patients, pour dépister dans leur personnalité antérieure les prémices de l’organisation pathologique actuelle. Ils ont isolé à plusieurs reprises des tableaux cliniques qui, par leur aspect ou leur évolution se situaient à la limite des cadres nosologiques établis. Ainsi, Magnan en 1893, évoque en France les " délires curables ". Kraepelin à la même époque décrit des formes atténuées de démence précoce. Entre 1885 et 1890, Kahlbaum distingue les héboïdophrénies des démences précoces par leur propension à la délinquance et la prévalence des troubles du comportement de type caractériel, sans évolution déficitaire. En 1921, Kretschmer partage les individus normaux en deux catégories : les cyclothymes et les schizothymes, et rapproche ces derniers de la