Cours : sociologie politique
Séance 2 : L'Etat
I/ Le pouvoir sans l'Etat
Pierre Clastres, La société contre l'Etat, 1974 : L'Etat ne constitue selon lui qu'une configuration politique particulière, celle qui associe la notion de pouvoir au principe de la coercition physique. Il n’est pas évident que la coercition et l’obéissance soient l’essence du pouvoir politique partout et toujours. Critique que posent les occidentaux sur une société primitive : sans histoire, sans État. Elles sont privées de quelque chose que l’on suppose nécessaire à toute société : elles seraient incomplètes, comme restées à un stade archaïque de développement. L’ethnocentrisme implique qu’il y a aurait une évolution inéluctable pour toute société : de la sauvagerie à la civilisation. Nous avons un regard déformé sur les sociétés lointaines. Il y a des sociétés où le politique s’exprime hors de toute violence et hors de toute contrainte. Il va donc falloir distinguer entre deux modes de pouvoir un mode coercitif (État) et un mode non-coercitif (société sans État). Pourtant dans ces sociétés il y a du politique, du pouvoir mais qui s’exprime d’une autre façon. Pour Clastres il y a des sociétés sans État mais il n’y a pas de société sans pouvoir.
1) Les sociétés primitives : des sociétés rigoureusement égalitaire
D’un point de vue économique les anthropologues définissent la société comme société à économie de subsistance : elles ne produisent pas plus que le minimum nécessaire à leur survie. Or les indiens ne consacrent que très peu de temps au travail, à la production économique. Dans la tribu des indiens Guarani, les hommes ont pour unique tâche de défricher la terre, qui sera ensuite cultiver par les femmes tous les 4 à 6 mois (travail de 4 mois tous les 4-6ans). En faisant ce constat de la paresse congénitale des Indiens, ils ont oublié une question : Pourquoi produire plus que le minimum vital ? Aucune contrainte ne s’exerce pour eux pour les forcer à travailler.