Critique du poème napoléon iii
IVANNE RIALLAND
Questions de mythocritique. Dictionnaire, sous la direction de Danièle Chauvin, André Siganos et Philippe Walter, Paris, Éditions Imago, 2005, ISBN 2-84952-009-8.
Née dans les années soixante-dix, la mythocritique s’inscrit dans le champ de la « nouvelle critique ». Son promoteur, Gilbert Durand, forge le terme sur le modèle de la psychocritique de Charles Mauron. Mais à l’inverse de la psychocritique, où une approche particulière est appliquée à un objet, il s’agit apparemment dans la mythocritique d’appliquer un objet à un autre objet, de lire le texte sous l’angle du mythe, un récit à travers un récit. Cette méthode paradoxale présuppose en réalité un statut particulier accordé au mythe. Tout d’abord, comme le rappellent Danièle Chauvin et Philippe Walter dans la préface de Questions de mythocritique, « le postulat de la mythocritique est de tenir pour essentiellement signifiant tout élément mythique, patent ou latent » (p. 7). La mythocritique prend ainsi place dans le mouvement de revalorisation du mythe qui passe, sous l’égide notamment de Lévi-Strauss, du statut de pensée pré-philosophique à celui de mode de pensée à part entière, gardienne et témoin, selon Gilbert Durand, du fond anthropologique commun de l’imaginaire. L’apparition d’un mythe dans un texte ferait donc signe vers cet imaginaire et constituerait une matrice génératrice de sens. Mais la mythocritique durandienne met de plus l’accent sur la narrativité du mythe, qui le constituerait en modèle originel de tout récit : « La mythocritique […] pose que tout “récit” (littéraire bien sûr, mais aussi dans d’autres langages : musical, scénique, pictural, etc.) entretient une relation étroite avec le sermo mythicus, le mythe. Le mythe serait en quelque sorte le modèle matriciel de tout récit, structuré par des schémas et archétypes fondamentaux de la psyché du sapiens sapiens, la nôtre1 ». Peu à peu, chez Durand, les mythes ethno-religieux deviennent le