Daniel pennac, comme un roman, la vertu paradoxale de la lecture.
« La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui donner un sens ».
Daniel Pennac, Comme un roman, 1992
Daniel Pennac émet ici une critique positive de la lecture tout en parlant de paradoxe. Et à raison, puisque cet homme est très connu dans le monde des écrivains : auteur de romans pour enfants, pour adultes, d'essais, il très polyvalent. Il démontre avec son essai Comme un roman duquel est tirée la citation, que la lecture a plusieurs façons d'être appréhendée, et qu'il n'est pas si simple de lire correctement, juste, de façon soutenue, ou même de donner goût à autrui de lire.
Intéressons-nous d'abord à la citation en elle-même.
Daniel Pennac avance comme premier terme le mot « vertu » qui donne immédiatement le ton : il ne s'agit pas là d'une critique négative de la lecture, mais positive. Une vertu est puissante et apaisante, particulièrement efficace, tout comme la lecture qui calme et qui tranquillise. Il parle ensuite de paradoxe : Il s'agit du paradoxe entre « l'abstraction du monde » : oublier le monde existant, le monde bien réel, pour s'ancrer dans un autre, fictif, plein de nouveautés, qui permettra par la suite de mieux se projeter dans le sien.
Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-on besoin de s'isoler de cette réalité pour la rendre supportable ?
En fait, je pense qu'on a ce besoin d'être quelqu'un d'autre. On a besoin de vivre des choses qu'on ne pourrait pas imaginer, et d'imaginer des choses qu'on ne pourra jamais vivre. On a envie d'être cet autre qui tue un dragon, qui sauve une princesse, qui pleure et qui rit, dont le cœur bat très fort. Si je n'avais jamais rien lu, quelle vie monotone je mènerais ! Endoctrinée par la télévision, où je serais aussi passive qu'une larve, à regarder, à écouter, sans jamais avoir à réfléchir. Non, on a tous au fond ce besoin de s'évader dans la fiction – et je sais que le mot « tous » est à utiliser avec bien des précautions – de s'échapper et