"Dans la solitude des champs de coton est une pièce sans dialogue" robert sucre
Robert Sucre
Dans la solitude des champs de coton, de Bernard-Marie Koltès, est une œuvre composée de longues répliques au vocabulaire très riche et à la langue très travaillée. L’histoire relate la rencontre entre deux hommes, le dealer et le client, dans un lieu désert et en une heure indéterminée. Le dealer propose au client de lui vendre l’objet de son désir, ce que ce dernier refuse sous prétexte qu’il n’a envie de rien. La conversation tourne au conflit et de là vont découler les différents arguments des deux protagonistes. Pouvons-nous considérer que l’œuvre, malgré l’entêtement des deux personnages, est constituée d’une conversation ? Ou au contraire, Robert Sucre a-t-il raison d’affirmer que Dans la solitude des champs de coton est une pièce sans dialogue ? Voici ce que je vais tenter de déterminer.
Dans un premier temps, nous pourrions penser que l’ensemble de la pièce est effectivement un dialogue, étant donné qu’il y aurait un échange de paroles entre les deux individus. Chacun d’eux défendrait ses idées à l’aide d’arguments assez riches et variés, et pousserait son interlocuteur à réagir face à ses propos. Ce conflit tournerait autour de la notion du désir et de sa satisfaction, qui est l’unique lien entre les deux personnages. Ce serait donc la mésentente entre le dealer et le client à ce sujet qui permettrait à la conversation de prendre forme et de soutenir la pièce jusqu’à la fin.
Il est vrai qu’à première vue, il est possible de percevoir Dans la solitude des champs de coton comme étant un dialogue entre le dealer et le client. Cependant, en étudiant le texte de plus près, nous nous rendons compte qu’il n’y a pas de réel échange entre les deux protagonistes. Nous pouvons d’ailleurs considérer les répliques comme une suite de monologues puisqu’il n’y pas de récepteur concret, mais bien deux émetteurs. Les individus s’expriment tour à tour sans