Dans la longue et riche histoire de la littérature, les auteurs ont souvent du faire face à de nombreux obstacles ; comme par exemple la censure, ou l’inadéquation entre les idées véhiculées par leur œuvre et les valeurs du pouvoir en place. On trouve un exemple de ce type de contexte avec Daphnis et Chloé. L’auteur de ce roman, Longus, vivait aux alentours du II° siècle après Jésus Christ, dans une Grèce écrasée par la domination d’un empereur romain qui n’hésitait pas à réprimer très violemment les éventuelles révoltes de ses sujets. Ce récit fait le tableau de l’amour de deux jeunes bergers, Daphnis et Chloé, et a pour décor une campagne idyllique. Dans l’extrait analysé, nous sommes au tout début du roman, et Longus décrit les habitudes de ses héros aux premiers jours du printemps. Cependant, étant donné le contexte dans lequel l’auteur à produit cette œuvre, les amours pastorales de Daphnis et Chloé ne cacheraient-ils pas une dénonciation du pouvoir politique en place ? L’examen du texte se portera d’abord sur son caractère naïf, puis mettra en évidence la façon dont l’auteur la contredit et enfin détaillera comment le texte dénonce en réalité l’oppression étouffante dont est victime Longus.

Comment le texte nous apparaît-t-il spontanément, à la première lecture ?

Il est indubitable que le tableau que peint Longus dans cet extrait montre la nature comme un large terrain de jeu, un cadre complètement idyllique dans lequel ses héros vont évoluer. Tout au long de cette description, des références multiples à l’enfance, l’insouciance et le jeu sont faites, sous forme de champs lexicaux. On constate par exemple de nombreux termes qui font référence à la jeunesse, voir à la naissance elle-même. Le « printemps » (l. 1) est très présent tout au long du texte, qui fait intervenir des « agneaux » (l. 5,6) et des « enfants » (l.25), avec des adjectifs comme « jeunes » (l. 10) pour les compléter. On note aussi l’importante présence du champ lexical de l’amusement,