De la iiième à la ivème république
La transition entre la IIIème et la IVème République s’opère en un temps de guerre, période où les équilibres institutionnels sont bouleversés et où la France sombre dans une phase de violence au cours de laquelle la République disparaît, les pleins-pouvoirs étant attribués au Maréchal Pétain. Pourtant, ce n’est pas à la mort de la République que l’on assiste ; en effet, ces années noires font office d’exception dans l’histoire constitutionnelle, années dont le régime n’intègre pas la théorie des cycles, si bien qu’il est communément nommé « la parenthèse Vichy ». Par conséquent, la République a survécu à cette crise ; il convient toutefois de nous intéresser à son état après les années Vichy, à sa transformation par six années de guerre. Peut-on repartir à nouveau pour près de 70 ans en dépit de la coupure constitutionnelle ? La IVème République, officiellement proclamée en octobre 1946, n’aura pas la longévité de la IIIème. 12 ans de régime caractérisent cette IVème République qui soulève des interrogations : s’inscrit-elle dans la lignée même de la IIIème République, à tel point qu’on la considère comme une version actualisée de la IIIème République ou pose-t-elle les bases d’un équilibre nouveau, de pratiques inédites qui puissent lui permettre d’ouvrir la voie d’une nouvelle ère ? Entre réformette et révolution institutionnelle, entendez continuité ou bouleversement, comment qualifier la transition IIIème/IVème République ? Nous nous attacherons à expliciter dans cet exposé la façon dont la tradition de la IIIème République a pris le pas sur l’illusion initiale de rupture avec le précédent régime. Dans la 1ère partie, nous soulignerons les évolutions, les ruptures souhaitées avant de constater dans la 2nde partie que l’instabilité gouvernementale et la prédominance parlementaire, héritages de la IIIème République se répètent et vont jusqu’à s’accentuer sous la IVème.