De la nature de lucrèce
Au contraire, Lucrèce qualifie cette attitude de « pure déraison ». Il réfute cette vision du monde par une argumentation dont l’enjeu dépasse la simple question de l’existence des dieux. En montrant que l’inexistence ne saurait être un mal, Lucrèce fait de l’existence une réalité injustifiable.
Le monde a-t-i été créé par les dieux en vu du bien être des hommes ? Doit on rendre hommage à des dieux créateurs pour l’éternité ou l’existence n’est elle pas plutôt une réalité, dont on ne peut chercher le sens en dehors d’elle-même. Le monde est admirable et par conséquent l’homme doit en adorer le ou les créateurs, et même éprouver de la reconnaissance envers les dieux. Tel est sans doute le fondement de l’attitude religieuse. Or cela est brutalement qualifié de « pure déraison » par Lucrèce. La première absurdité est de croire que « c’est pour les hommes que les dieux ont voulu préparer les monde et ces merveilles ». Il est facile de voir que cette illusion présuppose un privilège de l’humanité sur les autres espèces qui n’a d’autre raison d’être que le fait que nous soyons des hommes. Si l’on admet que le monde soit orienté vers une finalité particulière, pourquoi considérer que le bien être de l’humanité serait celle-ci plutôt que, par exemple, la prolifération des fourmis ou toute autre chose ? Pourtant aucun savant ne démontrera scientifiquement l’inexistence d’un principe divin à l’origine du monde. Mais il faut bien admettre que l’homme n’est pas