De quoi pouvons nous être sur ?
Il faut à présent examiner ce que nous estimons des vérités, afin de voir si nous pouvons refuser ces vérités ; en théorie, il serait impossible de les refuser si elles étaient la vérité. D'un point de vue humain, comme le dit fort justement Cioran, chacun est persuadé de détenir, lui et lui seul, la vérité, et par là-même la connaissance de l'univers, à quelques rares exceptions près sans doute. Deux hypothèses sont à retenir : ou bien il existe des milliards de vérités différentes, ce qui est absurde puisque la vérité est unique par essence, ou bien la vérité n'a jamais daigné se manifester à quiconque. Car l'eût-elle fait qu'elle se serait imposée à celui qui l'aurait reçue, et qu'elle se serait propagée à toute l'humanité, uniformisant à l'ensemble de la race le concept de vérité ainsi que sa connaissance. Que nous ne détenions pas la vérité, tous, peut signifier trois choses. En premier lieu, nous devons considérer un monde où la vérité n'existe pas ; cette éventualité ne peut être réfutée tant que nous n'avons pas expérimenté la vérité, donc reste potentiellement exacte ;