Delacroix
«La peinture de Delacroix est comme la nature, elle a horreur du vide.»
Delacroix.... de spleen et de singulière mélancolie.
La chevelure abondante de jais, regard ténébreux, moustache parfaitement taillée, foulard impeccablement noué au col, Eugène Delacroix avec son autoportrait au gilet vert, laissa à la postérité une image de dandy qu’il avait lui-même composée, à la pointe de son habile pinceau trempé aux couleurs profondes de son génie, mêlé de spleen et de singulière mélancolie.
«Pour les clairs, il faut faire l’ombre non reflétée relativement violette, et refléter avec des tons relativement verdâtres. Je vois le drapeau rouge qui est devant ma fenêtre ; l’ombre m’apparaît effectivement violette et mate ; la transparence paraît orangée, mais comment le vert ne s’y trouve-t-il pas ? D’abord à cause de la nécessité pour le rouge d’avoir des ombres vertes, mais à cause de cette présence de l’orangé et du violet, deux tons dans lesquels entrent le jaune et le bleu qui donnent le vert.» relevait-il dans un Journal intime qu’il tint de 1822 à 1824 puis de 1847 jusqu’à la fin de ses jours.
Les couleurs et la lumière de Delacroix ont intensément marqué le XIXe siècle, si ce n’est toute l’Histoire de la peinture. Sur les tons, les reflets et les contrastes finement analysés dont il aura appris à maîtriser le jeu à la perfection, il s’appuiera pour construire ses œuvres, s’échinant à «concilier la couleur couleur et la couleur lumière» et bannir le noir autant que possible car, disait-il, «en ajouter, cest salir le ton».
«Malheur à celui qui ne voit qu'une idée précise dans un beau tableau, prévenait-il aussi dans ses notes, et malheur au tableau qui ne montre rien au-delà du fini à un homme doué d'imagination. Le mérite du tableau est l'indéfinissable : c'est justement ce qui échappe à la précision. En un mot, c'est ce que l'âme a ajouté aux couleurs et aux lignes pour aller à l'âme.» Tel était le cap que s’était fixé Eugène