2-La rencontre amoureuse On retrouve dans ce poème les mêmes thèmes de la fête, de la rencontre, du jeu que l'on retrouve dans "Cortège", "Cythère", "En bateau" ou "Colloque sentimental". Les personnages, des soupirants, sont définis par les rôles qu'ils jouent dans le jeu de la séduction amoureuse, ce sont des trompeurs exquis ou des coquettes charmantes. Avec les qualificatifs d'exquis ou de charmant, nous avons affaire, comme toujours dans ces Fêtes galantes, à des êtres raffinés mais dont le but avoué est la seule recherche du plaisir et non une liaison amoureuse durable qui se terminerait par un serment officiel de mariage. Les personnages sont charmants à l'image de leurs discours, ils devisent délicieusement. L'emploi du verbe "deviser" suggère un élégant badinage amoureux, dans la tradition galante de la société française du XVIIIème siècle, élégante et frivole. Verlaine est un habile utilisateur de l'hyperbole, il introduit ici l'adverbe "délicieusement" qui avec la diérèse "ci—eu", et ses six syllabes, amplifie l'idée qu'il porte, l'idée centrale du poème, celle d'un plaisir intense et délicat dans ce qui apparaît comme des frivolités. L'emploi du verbe "lutiner" qui signifie poursuivre une femme de ses baisers ou de caresse confirme la quête érotique des soupirants malgré leur innocence. Dans ce jeu de l'amour, on a l'impression d'un harcèlement, d'une opposition hommes femmes.
3- une comédie amoureuse La comédie, hélas tourne parfois au drame. Dans ce jeu subtil, la maladresse, l'audace, se paie comptant par un soufflet, un revers de main. Le soupirant, galant, doit accepter de battre en retraite et recevoir en échange le pardon d'un baiser mais fait sur l'extrême phalange du petit doigt. Mais si le soupirant insiste, il est immédiatement renvoyé et puni d'un regard très sec. La " moue assez clémente" de la bouche suffit à montrer qu'il s'agit d'un jeu bien codifié et que les sentiments sont plus feints que vécus. Ces Fêtes galantes, cet amour