Deme
LE 23 MARS 1999
Journal du Droit des Jeunes, n°183, mars 1999
Cette réflexion s’appuie sur l’expérience et la recherche de l’équipe institutionnelle que j’anime dans le cadre d’une Maison d‘Enfants à Caractère Social. Les jeunes et les adolescents que nous accueillons, soit dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance, soit dans le cadre de l’habilitation justice, sont représentatifs du public habituel des dispositifs de protection de l’enfance. Marqués par des carences affectives sévères et des itinéraires personnels et familiaux trop mouvementés, ils vivent un rapport à la loi et une relation aux autres (particulièrement à l’adulte) très perturbé. Au quotidien, les équipes éducatives ont à gérer des situations de conflit, de violence, de passage à l’acte. Chaque jour, c’est le cadre institué, l’ordre institutionnel, qui est mis à mal, menacé par les comportements des jeunes accueillis.
Face à cette réalité, nous pouvons baisser les bras, penser qu’il n’y a plus rien à faire et que, de toutes façons, nos établissements sont condamnés à être les victimes des jeunes de plus en plus durs qui nous sont confiés à cause d’une société qui se dégrade chaque jour davantage. On peut également s’insurger contre l’évolution des idées et des pratiques qui, en matière d’éducation, ont consacré l’enfant roi, au nom de ses droits. La porte s’ouvre alors à un dérapage vers des attitudes plus répressives. Nous pouvons aussi, c’est le choix que nous avons fait, formuler le pari qu’un montage institutionnel démocratique est l’occasion de vivre une expérience unique d’agir sur son cadre de vie, de le faire évoluer pour mieux vivre ensemble et pour soi même.
L’éducateur spécialisé, quand il s’adresse à des enfants, et plus particulièrement à des enfants en difficultés sociales, est régulièrement confronté à la transgression. Nous faisons quotidiennement le constat que c’est autour de ces notions de