democratie
Olivier Thévenon*
L’augmentation de l’activité des femmes en Europe : progrès de la conciliation ou polarisation des comportements ?
Bien que l’augmentation de l’activité féminine soit une tendance assez générale, on observe encore aujourd’hui une grande disparité de situations du Nord au Sud de l’Europe. Afin de mettre en évidence les facteurs qui peuvent expliquer ces différences, Olivier
Thévenon utilise ici les données recueillies dans les Enquêtes européennes sur les forces de travail effectuées dans 14 pays entre 1992 et 2005. À niveau de diplôme équivalent et situation familiale comparable (nombre d’enfants à charge, âge du plus jeune, situation de monoparentalité par exemple), les comportements d’activité des femmes (inactivité, travail à temps partiel court ou long, travail à temps plein) sont assez divers en Europe. Cette diversité correspond à des politiques plus ou moins volontaristes des États vis-à-vis du travail des mères (aide à la conciliation, encouragement à l’arrêt d’activité ou au travail à temps partiel). Dans certains contextes, les femmes choisissent de retarder le moment d’être mères ou de ne pas avoir d’enfant pour se maintenir sur le marché du travail. La hausse de l’activité féminine se traduit ainsi parfois par une certaine polarisation des comportements.
La participation des femmes au marché du travail a connu un réel développement dans la plupart des pays européens depuis les années 1970. Elle a d’abord été mal perçue, pouvant être considérée comme un facteur d’accroissement du chômage et comme l’une des principales causes de la baisse des taux de fécondité qu’on observait simultanément. Les années 1980 et surtout
1990 ont toutefois amélioré cette image de l’activité féminine. Plusieurs facteurs entrent ici en considération : les effets bénéfiques attendus sur les gains de productivité et la croissance économique liée à l’emploi d’une main-d’œuvre relativement qualifiée. Le rééquilibrage du ratio de