Des annales à la nouvelle histoire
Naissance des Annales
Une revue d’avant-garde
Leur création apparaît comme une réaction contre l’histoire « méthodique », l’histoire nationaliste et germanophobe. Cette « révolution » a pris corps à l’Université de Strasbourg, assurant la revanche de la « science française » sur « l’érudition allemande ». En janvier 1929 fut publié le premier numéro des Annales d’Histoire économique et sociale (Co directeurs ; Lucien Febvre et Marc Bloch).
o L’apport des sciences humaines. La création des Annales ne peut se comprendre en dehors de la poussée des jeunes sciences humaines, en particulier de la sociologie. Dès 1903, François Simiand dénonçait les « trois idoles des historiens », l’idole politique, l’idole individuelle et l’idole chronologique. Les élèves d’Emile Durkheim ne voyaient dans l’histoire qu’un simple champ d’expérimentation des sciences sociales dans le passé. Une autre influence a été celle du géographe Vidal de La Blache (184 – 1918), le fondateur des Annales de géographie. La géographie vidalienne était perçue comme « le » secteur de pointe des sciences sociales ; cette école géographique française dite du « possibilisme » produisait des monographies régionales qui étudiaient les rapports complexes qui lient les groupes sociaux à leur milieu. L’histoire des Annales y puisera une inspiration profonde et durable sur les rapports entre l’histoire et le milieu. N’oublions pas le dialogue prolongé entre Lucien Febvre et Henri Berr qui s’efforçait de concilier la réflexion épistémologique et la pratique des recherches érudites.
o Une histoire économique et sociale. C’est parmi les universitaires de talent à Strasbourg que furent choisis les premiers collaborateurs de la revue. Celle-ci se voulait économique et aussi sociale (Marc Bloch). Il s’agissait de briser les barrières disciplinaires et d’unifier empiriquement le champ social. Arrivait en tête l’histoire économique puis l’histoire sociale et