Devenir des prisons
Plusieurs prisons devenues insalubres et inadaptées tendent à l’obsolescence. Ces vastes sites fermés sur eux-mêmes, jouxtant souvent les centre-ville, posent des grandes questions urbanistiques et architecturales lorsqu’il s’agit de les ouvrir sur la ville pour accueillir un nouveau programme. Cette étape est très délicate et compliquée car le Ministère de la justice, propriétaire des équipements, cherche avant tout une revente rentable des bâtiments, quand ils sont conservés, et du terrain pour renflouer les caisses de l’Etat. Cette vision très « administrative » des choses peut donner suite à des graves destructions de témoignages de l’histoire, d’architecture remarquable et de systèmes ingénieux. La trace est indispensable pour l’identité, l’histoire du lieu et le caractère de l’édification urbaine. Elle est pourtant trop souvent négligée. Cet exposé tentera d’illustrer ces propos, avec le cas de la prison Saint-Michel à Toulouse, en apportant une critique des différents acteurs et des nouvelles idées programmatiques.
Dans un premier temps, il est indispensable de connaitre les principales évènements historiques de la prison Saint-Michel.
La prison s’inscrit dans l’ambitieuse politique d’équipements publics qui caractérise le XIXe siècle marqué par sa foi dans le progrès et l’amélioration de l’existence de tous grâce à des édifices fonctionnels conçus spécifiquement pour satisfaire chaque programme : école, bibliothèque, université, hôpital, halle, abattoir, prison… Pour mener à bien cette noble ambition politique, des modèles idéaux ou typologies architecturales furent lentement et pragmatiquement élaborés et diffusés. Ces modèles n’empêchèrent pas chaque réalisation d’être une création originale et unique, adaptée à un lieu, des besoins et des moyens particuliers.
C'est donc dans cette période, en 1855, que l'on confit la conception à l'architecte Jacques Esquié de la "maison d'arrêt, de justice et de