Diderot dissert
Lettres modernes
Licence 1S1.
LA SOURCE
Un grand jour d’un bleu pâle, dans un désert, un couple apparaissait, là, au beau milieu de nulle part. On aurait pu croire qu’il était presque midi, le sable était d’un blanc qui brillait avec force et dureté. Il faisait déjà très chaud. La lumière du soleil rayonnait jusqu’au fond du ciel. Une foule d’oiseaux multicolores se chamaillaient, leurs chants retentissaient en une douce mélodie. Il y en avait par centaines, des rouges, des bleus, des roses, des jaunes et tous s’envolaient avec une grande grâce. Ils venaient se désaltérer jusqu’à une petite source calme, d’une couleur que l’on n’avait jamais vue auparavant. L’eau était légère, à peine plus fraîche que l’air. Les deux amoureux, émerveillés par cette incroyable nature, s’y jetèrent sans réfléchir. Ils n’avaient rien à craindre des oursins ni des poissons – scorpions. Le vent ne soufflait pas et cela faisait un silence étrange, après toutes ces nuits passées dans la tempête.
Autour d’eux des parterres de fleurs, on pouvait y voir les plus rares d’entre elles mêlant leurs odeurs aux vagues senteurs de l’ambre. La femme en cueillit une et le parfum si doux et si envoûtant de celle-ci lui fit ressentir un bien-être jusqu’alors inconnu au plus profond de son âme. Là, tout n’était qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
Soudain, le sol s’ouvrit en deux et laissa sortir petit à petit une racine puis une tige verte et enfin un bulbe. C’est alors qu’au lieu d’une fleur, il en émana en cocon. La femme se pencha et ce doux cocon se trouvait à présent au niveau de ses yeux. Elle fut complètement émerveillée, époustouflée, transportée. Ce spectacle ne prit que quelques secondes, certes, mais assez pour qu’elle ressente comme une beauté évidente, brutale, qui fît le néant autour d’elle. Le cocon allait maintenant se poser sur la main de la jeune femme, doux comme de la soie, il grossissait à vue d’œil. Et, d’un seul coup, il explosa en un million de