Diderot Pantonime
Registre satirique
- Dialogue de la critique
Plus étonnant, Moi prends ensuite le relais de la dénonciation énoncée par Lui.
Lorsque Lui épargne le souverain, « Il n’y a dans tout un royaume qu’un homme qui marche. C’est le souverain. Tout le reste prend des positions », Moi lui dénie aussitôt cette position privilégiée et accuse : « Le roi prend une position devant sa maîtresse et devant Dieu ; il fait son pas de pantomime. Le ministre fait le pas de courtisan, de flatteur, de valet ou de gueux devant son roi. ». En dénonçant jusqu’à la personne du souverain, il le rabaisse à sa qualité d’hommes, ni plus, ni moins que les autres. Il reprend aussi les termes de Lui, « flatteur », « valet », gueux » pour montrer que la leçon est assimilée et poursuivie. L’expression « pantomime des gueux » lui est d’ailleurs attribuée et Lui se montre presque plus mesuré : « Ma foi, ce que vous appelez la pantomime des gueux, est le grand branle de la terre ».
Enfin, lorsqu’il explique « je vois Pantalon dans un prélat, un satyre dans un président, un pourceau dans un cénobite, une autruche dans un ministre, une oie dans son premier commis. », il donne des qualificatifs précis à des personnalités, les disqualifie et les juge. Le mot « pourceau » attribué à un « cénobite » est en effet une dégradation, de même que le jugement porté sur le ministre et sa cour.
Moi intègre donc la leçon de Lui mais dépasse la dénonciation de l’hypocrisie pour porter des jugements.
Conclusion
La charge critique et la dénonciation de l’hypocrisie ne sont pas seulement dans le mime exécuté par Lui mais également dans sa réception et le dialogue qui en suit. Dans l’investissement aussi de Moi qui dépasse l’enseignement pour porter sa propre charge critique. L’un critique par le geste, l’autre y adjoint la parole. Ce sont les deux facettes d’une même dénonciation.