Discours rapporte
1. L’énonciation et le phénomène du discours rapporté.
Le discours rapporté peut constituer un des axes fondamentaux de l’étude stylistique de nombreux textes narratifs ou dialogaux. Dans la littérature contemporaine, le discours rapporté est la dimension la plus visible de toutes les expérimentations connues sous le nom de plurivocalité ou de polyphonie. Avant de poser les différences essentielles entre les diverses formes de discours rapporté (2 ), et de voir en quoi consiste l’orchestration des voix par le discours rapporté (3), quelques rappels sur l’énonciation et le phénomène général du discours (1). 1° Producteur vs récepteur : il convient d’abord de rappeler que l'énonciation est l'acte de produire un ensemble de signes linguistiques constituant un tout de signification, à savoir l'énoncé, qui est le produit, le résultat de cet acte. Dans les circonstances ordinaires de la vie courante, l'acte d'énonciation implique deux partenaires que l'on désigne de diverses manières, à la fois selon les différentes théories linguistiques, mais aussi pour avoir des synonymes : – l'un, qu'on appelle génériquement le producteur (ou encore l’émetteur ou l’énonciateur) mais aussi, pour différencier les situations, locuteur à l'oral et auteur ou scripteur à l'écrit ; – l'autre, qu’on appelle génériquement le récepteur (ou encore le destinataire ou l’énonciataire) mais aussi, pour différencier les situations, interlocuteur (ou allocutaire) à l'oral ou lecteur à l'écrit. Pour aller à l'essentiel de ce qui nous occupe, nous laissons de côté, dans ce qui va suivre, les différents aspects du récepteur, car cela nous entraînerait trop loin. 2° Producteur vs narrateur dans les récits : si, donc, nous nous restreignons maintenant au problème du producteur, vous savez bien sûr, –mais il est important de bien l'avoir présent à l'esprit pour la suite de la démonstration–, que les genres