Discours sur la bataille de waterloo
Discours de réception et réponse d’Alexandre Dumas fils
Le 31 mars 1887
Charles LECONTE DE LISLE
Réception de M. Leconte de Lisle
DISCOURS PRONONCÉ DANS LA SÉANCE PUBLIQUE le jeudi 31 mars 1887
INSTITUT DE FRANCE M. Leconte de Lisle ayant été élu par l’Académie française à la place vacante par la mort de M. Victor Hugo , y est venu prendre séance le jeudi 31 mars 1887, et a prononcé le discours qui suit : Messieurs,
En m’appelant à succéder parmi vous au Poète immortel dont le génie doit illustrer à jamais la France et le XIXe siècle, vous m’avez fait un honneur aussi grand qu’il était inattendu. Cependant, au sentiment de vive gratitude que j’éprouve se mêle une appréhension légitime en face de la tâche redoutable que vos bienveillants suffrages m’ont imposée. Il me faut vous parler d’un homme, unique entre tous, qui, pendant soixante années, a ébloui, irrité, enthousiasmé, passionné les intelligences, dont l’œuvre immense, de jour en jour plus abondante et plus éclatante, n’a d’égale, en ce qui la caractérise, dans aucune littérature ancienne ou moderne, et qui a rendu à la poésie française, avec plus de richesse, de vigueur et de certitude, les vertus lyriques dont elle était destituée depuis deux siècles. Ma profonde admiration suppléera, je l’espère, à la faiblesse de mes paroles.
Messieurs, l’avènement d’un homme de génie, d’un grand poète surtout, n’est jamais un fait spontané sans rapports avec le travail intellectuel antérieur ; et s’il arrive parfois que la Poésie, cette révélation du Beau dans la nature et dans les conceptions humaines, se manifeste plus soudaine, plus haute et plus magnifique chez quelques hommes très rares et d’autant vénérables, une communion latente n’en relie pas moins, à travers les âges, les esprits en apparence les plus divers, tout en respectant le caractère original de chacun d’eux. Si la nature obéit aux lois inviolables qui la régissent, l’intelligence a