Discours sur la Négritude Aimé Césaire
Le mouvement poétique de la négritude, né à Paris au milieu des années 1930, est une riposte vigoureuse de Césaire, de Senghor et de quelques autres à une grande partie de l’opinion publique française qui, par ignorance plus encore que par mépris, voyait dans le nègre un être plat, sans histoire ni culture. À l’image de la table rase, vulgarisée par le colonisateur (qui se faisait fort d’approvisionner la dite table en produits de sa propre culture), ils substituent la double image de la profondeur des abîmes et de la profusion du passé. Cf l’allégorie de Chamoiseau dans Le Vieil homme esclave et le molosse. Ce passé de l’individu, de l’homme, chacun le porte en soi. « Retourner » au « pays natal » ou « descendre » dans les tréfonds du ça : deux images d’une même fonction. Malgré l’image fréquente de la descente ou de la plongée, la négritude, singulièrement la poésie de Senghor, apparaît comme une remontée dans son passé, dans le passé…
En 1945, Césaire entre définitivement en politique : il adhère au PCF, est élu maire de Fort-de-France, puis député. À ce titre, il joue un rôle déterminant dans le vote, en 1946, de la
« loi de territorialisation », qui transforme la Guadeloupe et la Martinique en départements d’outre-mer. Pour revenir à la Négritude, Césaire la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. » (Liberté 3, pp. 269-270.)
Césaire emploie le mot avec des sens différents : le mot signifie l'ensemble des noirs comme « Haïti où la négritude se mit debout pour la première fois » ; il signifie aussi conceptuellement « l'être-dans-le-monde du Nègre » selon l'expression de Jean-Paul Sartre dans Orphée noir.
Extrait de discours oratoire, le lien entre rythme et raisonnement.
Texte qui fait entendre le rythme et le souffle de la parole
Comment la notion de négritude est-elle ici, l’objet