Discours d’investiture de léon blum à la chambre des députés en juin 1936
Ce texte est le discours d’investiture de Léon Blum, nouveau Président du Conseil, à la Chambre des députés le 6 juin 1936 , publié au Journal Officiel le lendemain. Léon Blum (1872-1950) se distingua d’abord comme chroniqueur littéraire dans plusieurs revues de la fin du 19ème siècle, dont La Revue blanche. C’est l’affaire Dreyfus qui suscita son engagement. Il écrivit plusieurs ouvrages comme Stendhal et le beylisme (1914). C’est par la littérature qu’il vint à la politique : il collabora à l’Humanité de Jaurès dès ses débuts. Il a acquis une certaine expérience du pouvoir dans les fonctions de chef de cabinet de Marcel Sembat au ministère des Travaux publics, dans le gouvernement Viviani en 1914-1915. Son analyse rigoureuse des 21 conditions fait de lui, au congrès de Tours un des leaders de la minorité qui se sépare des communistes et reconstruit la SFIO. Il n’en est pas le secrétaire général (c’est Paul Faure) mais le maître à penser : ses interventions à la Chambre et ses articles déterminent largement l’orientation du parti. En 1936, la SFIO devient le premier parti du Front populaire, et Léon Blum est appelé à former le gouvernement, celui-ci n’aspirait cependant pas à la présidence du Conseil. Le 3 mai le Front populaire remportait les élections. C’était une mince victoire en chiffre absolus, mais une large victoire politique et psychologique pour une gauche désunie depuis 1920. La formation du Front populaire en vue des élections législatives de 1936 était largement circonstanciée. Les ligues d’extrême droite manifestèrent le 6 février 1934 contre le régime (ce fut d’une extrême violence : 19 morts en plein Paris).La gauche y vit une réelle menace fasciste. Après les journées de 1934, un large mouvement anti-fasciste s’était développé dans les masses populaires françaises : beaucoup de comités anti-fascistes