Dissert
Jean Echenoz a aujourd’hui changé de registre et de façon d’écrire, et depuis Au Piano (2003), il s’est consacré à des personnages réels, dont il relate des morceaux de leur vie dans ses romans, sans en faire pour autant leurs biographies. Ses trois derniers romans constituent une trilogie, qu’il a renommé « vies imaginaires ».
Les « vies imaginaires » qu’il va décrire sont celles de trois grands hommes de notre Histoire. Il y eut d’abord Ravel en 2006, portrait du compositeur français, puis Courir en 2008, où Echenoz retrace la vie de l’impressionnant athlète Emile Zatopek. Enfin, sorti il y a tout juste deux semaines, Des Eclairs, conclut ce triptyque, et relate la vie de Nicolas Tesla, inventeur incompris du courant alternatif, et précurseur des rayons X, de la radio, etc.
Ces trois livres sont donc comme une série, une trilogie mais où les livres peuvent se lire séparément. Les histoires n’ayant aucun lien entre elles.
Echenoz s’accorde toujours à dire qu’il s’agit de récits fictifs, et non pas de biographies. Il se dit lui-même être ni un historien, ni un biographe, c’est pourquoi il parle d’ailleurs de roman, quand son livre retrace pourtant une vie. Il cherche en fait à se tenir le plus près de la réalité de la vie de ces hommes, mais il se retrouve forcé d’inventer ou de reconstituer certaines scènes, ce qui fait de ces livres de véritables fictions.
Le personnage d’Emile (dans Courir) a un « e » francisé. Echenoz change aussi le nom de Tesla en Gregor, pour faire de son livre une véritable fiction. Echenoz enlève tout abstraction, efface dates et chiffres. Il faut attendre une centaine de pages dans Courir avant que le nom de Zatopek ne soit prononcé, ce qui montre bien que l’auteur ne cherche pas à faire une biographie du coureur mais bien un roman fictif C’est l’homme qui intéresse ici, pas le sportif et ses exploits.
Echenoz réussit à ne pas trahir ces personnages et leurs vies quand il invente, même lorsqu’il pousse