Dissertation- apologue
Déjà exploré au Vème siècle av JC par des fabulistes tels que Ésope et Phèdre, l’apologue est, par définition, un récit court de visée argumentative à morale implicite ou explicite. Ce genre fut reprit de nombreuses fois, notamment pendant le classicisme, où la devise de plaire et instruire ne pourrait être plus adéquat au genre. Dans la cour, à Versailles, le conte philosophique, apologue ouvert aux idées nouvelles, qui fait réfléchir sur la société et la marche du monde, était très à la mode grâce à son caractère plaisant. Ceux-ci sont, cependant, sujets de nombreux débats sur leur forme et l’interférence sur le contenu. « La fiction relève du mensonge ou de l’illusion. On ne saurait donc en faire le moyen d’une réflexion sérieuse ; la fiction ne peut servir à l’expression de la pensée », dans cette citation Rousseau expose son opinion sur l’apologue et sa force argumentative. Nous verrons jusqu’à quel point cette affirmation semble-t-elle juste en tenant compte des aspects négatifs et positifs de l’apologue.
Certes, la fiction au service d’une cause, d’une argumentation peut corrompre le lecteur, soit par une mécompréhension du débat ou par la simplification de celui-ci.
La séduction caractéristique de l’apologue peut interférer dans le pouvoir de la morale et de l’argumentation. Etant très agréable à lire le message peut être trop implicite, trop caché, le lecteur peut oublier ou même ne pas se donner la peine de chercher celui-ci derrière le voile d’une histoire amusante. Prenons l’exemple de « l’Eldorado », dans Candide de Voltaire, la séduction d’un monde parfait, utopique, prend le dessus sur une critique très implicite à la monarchie et au difficile accès d’un roi européen. Les contes de fées, plus spécifiquement de celui du petit chaperon rouge qui incarne une morale forte et importante pour tout enfant, ou adulte, mais peu comprennent que derrière l’histoire de la charmante petite fille et du méchant loup se cachent des personnages