Intro :
Instruire et plaire, ou « Placere et docere », tels étaient les impératifs d’un discours réussi et assuré de persuader les juges lors d’un procès, selon l’orateur et avocat Cicéron, virtuose en la matière. Il semble en effet que la persuasion doive passer par la séduction d’un discours agréable, qui entraîne l’auditeur à adhérer presque insensiblement à la thèse que défend l’orateur. Nombre de discours argumentatifs se signalent en effet par des procédés rhétoriques qui séduisent le lecteur et le persuadent. Est-ce pourtant si indispensable ? La logique des arguments ne suffit-elle pas parfois à entraîner la conviction ? A rebours, un amas de sophismes ne détourne-t-il pas de la vérité en maniant habilement la rhétorique ?
I) La persuasion :
1) Les genres :
Les textes argumentatifs efficaces se caractérisent svt par des procédés rhétoriques qui rendent la thèse séduisante.
Ainsi certains écrivains usent de l’argumentation indirecte pour vulgariser leurs thèses et se rendre accessibles au plus grand nbre :
Voltaire invente un voyage de Pythagore aux Indes pour transposer la situation du malheureux chevalier de La Barre en Orient : il montre la sottise des juges qui ont condamné le chevalier et Calas en inventant de leur poser sur la tête, en guise de mitre ecclésiastique, un bonnet d’âne, et peut manier une insolence réjouissante parce qu’il feint d’évoquer des coutumes lointaines, alors que le lecteur amusé reconnaît parfaitement les rites catholiques sous les oripeaux d’un procès religieux oriental. Ainsi il leur fait tenir en main une queue de vache, qui – cf les vaches sacrées en Inde – leur tient lieu de crucifix, ce qui remplit d’aise celui qui a décrypté l’allusion, d’abord parce qu’il est heureux d’avoir compris ce que le censeur a laissé passer, ensuite parce que l’insolence de Voltaire n’est pas qu’une simple provocation : elle interroge le lecteur sur le sens de ces rituels qui sont préférés à la parole du Christ qui préconisait de ne pas