Dissertation Culture Générale

“ Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme. ”

Maurice Merleau Ponty, Phénoménologie de la perception.

“ Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement (…). Mais à quoi donc joue t-il ? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café.” écrit Sartre en 1943 dans l’Etre et le Néant.
Selon lui, l’homme joue plutôt que d’exister par peur d’affronter sa liberté. Mais à quoi revient le fait de “ jouer le garçon de café ” ? A priori, à s’identifier au produit social que l’on est sous le regard d’autrui. Cette définition du “ salaud ” sartrien et l’enjeu posé, celui de la liberté inhérente à l’être humain, jette une lumière violente sur l’assertion de Merleau-Ponty : “ tout est fabriqué et tout est naturel chez l’homme ”. Depuis une perspective phénoménologique, il vient déconstruire l’opposition traditionnelle entre ce qui ressort de la nature humaine et ce qui lui est agrégé au contact de la société (la part de “ fabriqué ”).

Cette distinction nature-fabriqué peut revêtir divers sens. Elle peut renvoyer à la traditionnelle opposition culture ou civilisation / nature à la source du Traité sur l’origine de Rousseau, ou bien à la distinction effectuée par Lévi-Strauss dans Les structures élémentaires de la parenté entre ce qui est naturel, c’est à dire relevant de lois nécessaires et universelles, et ce qui est culturel : relevant de normes conventionnelles et relatives. De même, le versant construit ou fabriqué de l’être humain peut renvoyer à ce qui intervient pour transcender la nature biologique de l’homme comme l’adhésion à une religion ou à une idéologie ; ou bien à une identité sociale, construite au contact de la société, ou bien encore au capital social, ou héritage social pensé par les sociologues déterministes. Le versant naturel de l’homme