Jean Giono est un grand écrivain engagé et pacifiste du XXème siècle. Le texte que nous allons étudier se nomme : Le Grand troupeau qui s’inscrit dans le contexte de la 1ère guerre mondiale. Ce témoignage, dans lequel on peut parler d’une longue élaboration décrit les méfaits d’une guerre que Giono qualifie d’absurde. En effet, il commence à écrire son œuvre en 1929 mais ne la publie qu’à partir de 1931, choqué par l'horreur de la guerre, les massacres, la barbarie qu'il a vu dans cet enfer, sur le front où il perd son meilleur ami et de nombreux de ses camarades qui avaient combattu à ses côtés. A l’inverse d’Henri Barbusse, a recours à un témoignage immédiat puisque blessé en 1915, il publie en 1916, son livre Le feu. Nous nous demanderons dès lors, Comment Giono, soldat de 2ème classe dès 1915, tente-t-il, à travers son œuvre Le grand troupeau écrit en 1931 de communiquer son expérience et son dégoût de la guerre ? Nous verrons dans un premier temps le choix de la narration, puis une critique virulente de la guerre qui passe par une voix et nous finirons par une analyse de la vision du monde de Giono et la création d’un monde de paix.

Le narrateur adopte un point de vue externe, il voit tout mais ne participe à rien, il peut donc être qualifié d’hétéro-diégétique. Dans son œuvre, Giono le choix du roman, c'est-à-dire du type d’argumentation propre au roman indirecte, c’est un refus du témoignage direct. A aucun moment celui-ci n’a recours au drame, au pathos ; il expose la mort de façon brute, froide et scabreuse. Nous pouvons dire qu’apparait une déshumanisation totale. D’un coté, Giono se rend volontairement invisible aux yeux du lecteur, c'est-à-dire que l’auteur ne parle jamais à la première personne ni de son parcours personnel, il dépeint plus généralement les victimes anonymes de la guerre et du parcours de Jérôme et d’Olivier. Il a la volonté de prendre du recul face à son récit. Mais d’un autre, il reste cependant très présent à ce texte.