Dissertation kean acte 3 scène 12
Distraire, éduquer : voilà deux fonctions que se propose donc le théâtre, soucieux à la fois d'émouvoir et de faire réagir le spectateur. Mais laquelle de ces deux fonctions l'emporte sur l'autre ?
I. Thèse : le théâtre est fait pour distraire
On peut considérer le théâtre comme un divertissement, au sens banal ou au sens pascalien 2 du terme, dont l'essentiel et modeste talent consisterait à faire rêver un instant le public pour qu'il oublie ses soucis. Souvent critiquée, cette modeste fonction, fondée essentiellement sur l'émotion ressentie par le spectateur, a prouvé son efficacité.
II. Antithèse : la fonction du théâtre est d'éduquer
Les censeurs les plus sévères assignent pour leur part deux buts pédagogiques au théâtre : réformer nos moeurs, éveiller nos consciences.
– Réformer nos moeurs
1er exemple : Molière n'a jamais caché son souhait d'améliorer les hommes. Il avait fait sienne la devise castigat ridando mores (il corrige en riant les moeurs). En peignant des personnages excessifs, des comédies comme l'Avareou le Tartuffe étaient censées détourner les gens des défauts qui y étaient tournés en ridicule.
2e exemple : La tragédie, à l'époque classique, est censée susciter « la terreur et la pitié ». Le but avoué est, reprenant en cela Aristote 3, de provoquer une catharsis, c'est-à-dire de se purifier de ses passions, et ainsi devenir meilleur.
Le problème est que nul ne se croit atteint des maux dénoncés sur scène par la tragédie et la comédie. Or, comment se guérir d'un mal dont on ne se croit pas atteint ? Mais il y a pire... Dans le texte c du corpus, Proust souligne fort justement le voyeurisme du spectateur : or, quel bien peut-on attendre d'une activité qui